Israël, qui massacre la population de Gaza depuis des mois et réduit les survivants à la famine et à la misère, étend désormais son bellicisme et son agression au peuple iranien avec son projet de «nouveau Moyen-Orient». Le peuple qui s’est dressé pendant des années contre l’oppression et les crimes de la République islamique a perdu ses plus chers enfants dans les massacres de rue, les exécutions, les prisons et les centres de détention, et a en même temps enduré la pauvreté, la corruption et la discrimination systématique. Aujourd’hui, il ressent également les marques des bottes d’un ennemi étranger sur sa gorge.
La guerre d’un régime fasciste, fondé sur l’occupation et le génocide, menée contre un gouvernement qui a bâti ses fondations sur le sang versé des opposants et des combattants de la liberté, non seulement détruit la vie des populations, mais interrompt et peut-être même fait reculer des années de lutte pour la liberté et l’égalité. On craint désormais que les acquis du mouvement pour la liberté de 2002, lui-même issu de nombreux soulèvements antérieurs, ne disparaissent au cœur de cette agression et que, sur les terres brûlées qui en résulteront, le nationalisme extrême, le fanatisme et le néofascisme se développeront. D’autant plus que pour les deux camps, Israël et la République islamique, la guerre est une «bénédiction» dont ils tirent profit. Israël, qui, à l’instar de ses dirigeants, peut considérer à présent n’importe quel groupe comme une cible légitime, avec l’aide des médias dominants, peut repousser désormais la vague générale dans l’opinion publique qui s’était formée contre le génocide à Gaza. La République islamique, s’appuyant sur la devise de son fondateur [Khomeini]: «Versez le sang, notre vie perdure», a commencé à préparer le terrain pour l’arrestation et l’assassinat de ses opposants, et ses agents dans le cyberespace promettent de créer un massacre similaire à celui de 1988 [exécution de milliers de prisonniers politiques sur ordre de Khomeini dans quelque 32 villes].
Tout cela se déroule sous le regard attentif d’un monde où deux pôles médiatiques étouffent les voix indépendantes des deux camps: l’un crée une image de sauveur face à l’agression flagrante d’un gouvernement connu pour ses massacres d’enfants; et l’autre cache le visage oppressif de la République islamique sous le couvert de la défense de la patrie. La joie du peuple à la mort de ses meurtriers [référence aux Gardiens de la révolution exécutés par l’armée israélienne] ne signifie pas pour autant qu’il souhaite embrasser l’agresseur de son pays. Mais comment le peuple, dans un contexte de censure gouvernementale, d’insécurité et d’angoisse causées par la guerre et les bombardements, peut-il trouver sa voix et sa place? Comment peut-il mobiliser sa solidarité et son immense force au service de l’entraide et de la défense mutuelle? Comment peut-il mettre fin à cette machine infernale?
Ni la force agressive extérieure, ni la force oppressive interne n’ont le droit d’empêcher le peuple d’exprimer sa capacité d’action et sa volonté de déterminer son propre destin. Tout peuple a le droit de se défendre contre l’agression, tout comme il a le droit de se soustraire à un régime oppressif. Le silence du monde face à cette agression, sous prétexte de l’aventurisme et de la tyrannie du régime iranien, ne fera qu’amplifier l’ampleur du désastre. L’Association des écrivains iraniens condamne l’agression flagrante d’Israël contre l’Iran et appelle les écrivains, les intellectuels et les institutions épris de liberté, en Iran et dans le monde, à jouer leur véritable rôle éclairant et à briser la bipolarité qui domine les médias afin de permettre à la voix indépendante du peuple de se faire entendre et de renforcer ses mouvements épris de liberté. (Déclaration de l’Association des écrivains d’Iran du 16 juin 2025. Selon des militants iraniens proches, le style en farsi est complexe. La traduction a dû en tenir compte – Réd. A l’Encontre)
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